Agriculteurs : comment faire face aux difficultés financières ?

Bien que la France soit l’un des géants européens de l’agriculture avec une production de 73 milliards d’euros en 2018, un nombre croissant d’exploitants fait face à des difficultés financières. Chute des prix, catastrophes naturelles, embargo… autant de facteurs ayant un impact considérable sur les revenus des agriculteurs. Pour sortir de l’impasse, trois solutions s’offrent à eux : demander un accompagnement, réduire leurs coûts de fonctionnement et convertir leur activité. 

La réduction des coûts de fonctionnement, une nécessité pour retrouver la rentabilité

Être accompagné par les pouvoirs publics ou un réseau associatif, ce n’est pas la seule solution dont disposent les agriculteurs pour faire face à des difficultés financières. Ces derniers peuvent également agir sur un autre levier : le coût de fonctionnement de l’exploitation. Une stratégie qui peut prend différents visages.

  • Réduire sa facture énergétique : selon l’ADEME, les dépenses énergétiques représentent entre 12 et 20 % des charges variables des exploitations agricoles, soit 7 800 €/an. Pour en réduire le coût, il est possible d’agir sur les engins (écoconduite, nouvelle distribution de la parcelle pour limiter les déplacements, choix du tracteur, etc.), les bâtiments (isolation, récupération de la chaleur, système solaire thermique, etc.) et sur les serres (optimisation de la gestion climatique, énergie renouvelable, entretien, etc.).
     
  • Optimiser ses déchets : à en croire l’ADEME, le coût des déchets peut être jusqu’à 170 fois supérieur à la seule facture de gestion des déchets. Voilà pourquoi il peut être judicieux de mettre en place des actions pour en limiter l’impact financier, notamment en réduisant les gaspillages, en valorisant les déjections animales, en diminuant les quantités produites et en optimisant la logistique. L’agence de l’environnement met d’ailleurs en avant l’exemple d’UCA Lorco, un fabricant de fromage, qui réalise 14 000 € d’économie par an depuis qu’il trie et fait recycler ses déchets.
     
  • Se mettre au WWOOFing : le WWOOF (World-Wide Opportunities on Organic Farms) est un réseau mondial de fermes biologiques. En ouvrant les portes de son exploitation à un WWOOFeur, un agriculteur partage sa passion et ses tâches quotidiennes avec quelqu’un, en échange du gîte et du couvert. Un moyen de bénéficier d’un coup de main à la ferme, tout en rencontrant des passionnés d’agriculture.
1 exploitation sur 4 a des revenus annuels inférieurs à 7 700 €

La conversion, un pari pour se tourner vers l’agriculture de demain

Lorsque le redressement de l’exploitation et la réduction des coûts de fonctionnement ne suffisent pas à sortir de l’impasse financière, une dernière solution subsiste : convertir son activité. L’enjeu ? Faire des choix stratégiques forts afin de s’orienter vers des filières ou des tendances porteuses. En la matière, les exploitants agricoles disposent de trois solutions principales.

  • Choisir une filière dynamique : alors que les filières porcine et bovine ne se portent pas très bien, d’autres secteurs affichent de meilleures rentabilités. Outre les semences dont le chiffre d’affaires avoisine les 3,3 milliards d’euros, c’est bien la viticulture qui a le vent en poupe. Pour preuve, les exportations de vins et de spiritueux ont progressé de 8,7 % en un an pour atteindre 11,7 milliards d’euros.
     
  • Opter pour une filière qualité : malgré des rendements généralement moins importants, les filières dites « qualité » assurent des revenus supérieurs aux exploitants. Selon l’INAO (Institut national de l’origine et de la qualité), le chiffre d’affaires de 2016 est en progression pour les AOC (+ 11,1 %) et les IGP (+ 5,5 %), tandis que le Label Rouge a généré 1,4 milliard d’euros en 2015. Mais c’est bien l’agriculture biologique, avec une progression de 13,1 % en 2016, qui est la plus porteuse. À titre d’exemple, l’Insee estime qu’un viticulteur BIO a un chiffre d’affaires par hectare supérieur de 46 % à un viticulteur conventionnel.
     
  • Prendre le contrôle de la distribution :l’exportation massive de produits de faible qualité ne peut plus être rentable face à la concurrence mondiale. Alors que 71 % des Français affirment préférer acheter des produits locaux, les circuits courts s’imposent comme le mode de distribution de demain. Vente directe, magasins de producteurs, AMAP, marque d’agriculteurs… autant de solutions pour réduire le nombre d’intermédiaires et vendre ses produits à leur juste prix.

L’accompagnement, une démarche indispensable pour sortir de l’impasse

L’agriculture représente 3,5 % du PIB de la France, ce qui en fait une activité clé de l’économie du pays. Mais le secteur est en difficulté. Pour preuve, l’Insee dénombrait 1 281 faillites d’exploitations en 2017, soit une progression de 6,7 % sur un an. Avant d’en arriver à une telle extrémité, mettant un terme à des années d’investissement et de passion, les agriculteurs peuvent demander à être accompagnés pour affronter leurs difficultés financières.

  • Le soutien de Solidarité Paysans : fondée par des agriculteurs, cette association se bat pour aider les exploitants agricoles et préserver l’emploi. Grâce à un réseau de 1 000 bénévoles et de 80 salariés, elle accompagne les agriculteurs dans le redressement de leur activité, une reconversion professionnelle ou un départ à la retraite. Un travail de fourmi qui permet à plus de la moitié des personnes faisant appel à Solidarité Paysans de maintenir leur emploi.
  • Les aides Area : mises en place par les pouvoirs publics, les aides à la relance des exploitations agricoles visent à soutenir les exploitants agricoles en difficulté, notamment ceux confrontés à un redressement judiciaire ou à une situation d’endettement. Ce dispositif, pouvant assurer jusqu’à 20 000 € d’aide, prévoit un diagnostic de l’activité, un plan de redressement et un suivi technique et économique de l’exploitation.
  • L’écoute de la MSA : les problèmes financiers sont souvent à l’origine de nombreux maux (solitude, mal-être, etc.). C’est pourquoi la Mutualité sociale agricole a mis en place un service d’écoute accessible à tout moment. Baptisé Agri’écoute, il permet aux exploitants de ne pas rester seuls face aux difficultés.